À Bukavu, comme ailleurs en RDC, les langues locales comme le mashi et le kilega perdent du terrain face au français. Dans les écoles, dans les foyers et même sur les réseaux sociaux, les jeunes s’expriment de plus en plus en français, reléguant leur langue maternelle au second plan.
Pourtant, selon l’UNESCO, une langue qui cesse d’être transmise aux nouvelles générations est en danger d’extinction.
Un désintérêt croissant chez les jeunes
Beaucoup de jeunes considèrent aujourd’hui le mashi comme une langue « du village », peu utile dans un monde moderne. Pour certains, parler le mashi est même perçu comme un signe de manque d’éducation.
• Patrick Murhula, jeune garçon, âgé de 22 ans : « Je comprends le mashi, mais je ne parle pas bien. À l’école, tout était en français, et à la maison, mes parents m’ont habitué à parler français aussi. Quand on parle mashi en ville, on se moque de nous. C’est comme si c’était une langue inférieure. »
Pourquoi faut-il préserver notre culture ?
Les langues locales sont bien plus que des moyens de communication : elles portent nos valeurs, nos histoires et notre vision du monde. Elles sont aussi un atout économique et touristique. À l’étranger, des cultures locales sont mises en avant pour attirer les visiteurs. Pourquoi pas Bukavu ?
Que faire alors?
• Encourager l’usage des langues locales dans les familles et écoles.
• Créer du contenu attractif en langue locale (films, chansons, podcasts).
• Valoriser nos traditions à travers la mode, l’art et les festivals culturels.
La richesse de Bukavu ne réside pas seulement dans son paysage, mais aussi dans son identité culturelle. Comme le dit un proverbe mashi : « Umwana wa mbembe, kaaja anyakamwa. » (L’enfant qui oublie d’où il vient se perd en chemin).
Préservons notre langue avant qu’elle ne devienne un simple souvenir.
Pax Chanwa